Me revoilà face à une page blanche, vide. Désespérément vide. Ce néant me fait frissonner, et un doute affreux me saisis : et si je n'y arrivais pas? et si je ne savais plus? Et si, durant ces deux mois d'arrêt, j'avais perdu le don d'écrire?

Rien ne me fait plus peur que cette perspective. Mais comment savoir? Écrire reste encore la seule solution. On y revient toujours, au final.

J'aimerais bien un jour comprendre cette relation complexe qui m'unit à l'écriture. Une véritable union matrimoniale, avec ses passions, ses amours, ses emportements, ses déchirures, ses désillusions, ses ruptures et enfin ses retrouvailles. Et la certitude que l'alliance qui nous unit est un engagement à vie, et la promesse de fidélité éternelle qu'on se doit mutuellement. Même si pour l'instant, j'ai l'impression qu'elle me boude. Il me faudra des trésors de patience, de travail sur moi et de réflexion sur elle pour la reconquérir... Mais j'y arriverai. Je n'ai pas le choix. Il en va du sens de ma vie.

Tout cela doit vous paraître bien grandiloquent pour ce qui ne paraît être finalement qu'une simple question de passe-temps. Vous avez peut-être raison, mais malgré tout, je ne peux m'empêcher de me complaire dans ce grand vortex qui m'aspire irrémédiablement vers le centre d'une tornade dévastatrice : l'écriture.

Écrire. Un besoin vital pour moi, plus encore que de manger ou de dormir. L'essence même de la vie.

Vous ne comprenez pas. Ce n'est pas grave. Un jour vous comprendrez sûrement...